Evasion (PALIER 1)
Téléportation ? Le nom sonne vraiment comme de la science-fiction. Je préfère « Evasion ». En réalité c'est tout bête. Je suis là et pouf, je suis ailleurs. Pas bien loin, rassurez-vous. Rarement plus loin que vingt mètres, dans mon champ de vision. Pas vraiment de quoi se barrer d'ici. Le plus souvent, ça se déclenche tout seul. Lorsque j'en ai vraiment envie. Je reste persuadé que c'est le reflet de mon appétit dévorant de liberté. Je suis insaisissable et bonne chance à celui qui voudra m'attraper. Beaucoup de possibilités, si peu exploitées.

๕ Ce qu’il faut savoir à propos de moi J’ai bien changé depuis mon Appel. Je m’assume tel que je suis, un sorcier Sirène qui a des désirs de son ordre. D’ailleurs, comme vous pourrez le voir, nombreuses ont été mes conquêtes d’un soir. Pour être honnête, je n’en suis pas très fier. C’est en partie pour cela que je fais tout pour garder mon image de garçon de bonne famille intacte. Vous pourrez me voir à l’église tous les dimanches (quand j’ai le courage de me lever), et ceux, même si j’ai passé une bonne partie du samedi dans votre lit. C’est que depuis mon Appel, depuis la prise de conscience de ma nature de Sirène et ce qu’elle impliquait, je suis devenu dépendant. Comme un drogué, je recherche sans cesse l’attention d’autrui – encore plus lorsque j’estime, ce qui est plutôt rare, cet autrui –  si bien que  j’ai la fâcheuse tendance de coucher avec bon nombre de personnes. C’est la seule chose qui parvient à me calmer, à apaiser cette brûlure dans mes entrailles, cette crampe au cœur, cette amertume tenace. Pourtant, dès que j’obtiens ce que je veux, je n’ai qu’une envie : partir. Me barrer de là. Prendre la clef des champs. Douleur, plénitude, dégoût. Ma vie est désormais régie par ses trois étapes qui me rendent cinglé. Pourtant, je ne saurais l’avouer que je suis atteint d’une sorte de nymphomanie magique. J’ai envie d’amour, mais c’est contre ma nature. J’ai envie de stabilité, de paix, mais c’est contre l’essence de qui je suis. Alors je vagabonde, réponds à mes besoins dans l’instant. J’aime le temps d’une fois, et puis je jette. Pourtant, certaines personnes sont particulièrement tenaces. Un autre problème à gérer.
Mais qu’importe. Tout ça, vous comme moi, nous l’ignorons. Je suis et resterai cet élève de dernière année particulièrement agaçant, présent à la plupart des soirées, qui allume des lueurs dans les yeux des passants.