I can't tell where the



journey  will end

☭ Journée de congé. Journée ensoleillée. Je ne pouvais qu'avoir le sourire dés le réveil en sachant que je pourrais procrastiner à la maison sans personne sur mon dos. J'avais déjà un planning bien établi et dans celui-ci, il ne comportait aucune lessive, ménage ou aller faire les courses. J'avais eu des semaines vraiment difficile au travail et j'avais prévu Auggie que je voulais pouvoir souffler aujourd'hui. Cela ne m'empêcha pas de me réveiller en premier, d'enfiler rapidement un jogging et de prendre la voiture pour me rendre dans le centre-ville. J'avais décidé de préparer le petit-déjeuner, mais je n'étais pas fou, tout ce que mes mains allaient toucher cela serait les oranges que j'aurais pressé moi-même. Pour le reste, je me rendais chez Mike pour emporter ses fameux pancakes et ses gaufres à damner une top-modèle anorexique.

Une fois de retour à la maison, je mettais quelques gourmandises de côté pour Lysandre et je préparais un plateau pour mon cher et tendre. J'étais bien décidé à lui offrir le bed&breakfast. C'était la seule chose que je m'obligerais à faire aujourd'hui. Bien décidé à profiter de lui encore quelques minutes de façon crapuleuse avant de le voir prendre sa douche, s'habiller, m'embrasser pour me souhaiter une bonne journée et aller enfourner sa moto. M'étirant, je me sentais bien et à peine coupable de vouloir avoir la maison rien que pour moi. Mon talkie-walkie restait branché sur son socle dans la cuisine en cas d'urgence, mais je vidais ma tête de toute pensée négative. Il n'y aurait aucun cambriolage, vol de voiture ou autre délit qui méritait que j'enfile ma tenue de shérif et que je me déplace, en tout cas je croisais les doigts pour.

Regardant ma montre à mon poignet, je remarquais qu'il était huit heures moins dix et je n'entendais pas les bruits de pas de notre locataire attitré. Je savais pour l'emmener presque chaque matin que ses cours commençait à huit-heures trente. Et, même si nous n'avions aucun lien de sang, j'avais peur comme tout parents que notre jeune homme fasse l'école buissonnière. Les études c'était ce qu'il avait de plus important et je n'arrêtais pas de lui répéter. Je ne l'avais pas aidé à sortir de la rue pour le voir y retourner. J'avais signé ces papiers pour devenir son tuteur et c'était pour moi une tache que je ne prenais pas à la légère. Auggie ne comprenait pas pourquoi j'avais pris ce fardeau sur mes épaules. Mais, Lysandre me touchait et me rappelait que la vie peut faire mal et que c'est à nous de tendre la main pour aider.

Les deux pieds nus qui jouaient avec les rainures du carrelage de  la cuisine, je fixais l’horloge tout en sirotant mon café. Je commençais à m'inquiéter. Au moins, maintenant, je ne me levais plus dans la nuit les premières semaines de son emménagement pour entrouvrir la porte de la chambre et vérifier qu'il dormait bien. Mais, là, c'était plus fort que moi, je posais ma tasse dans l’évier et décidais de venir toquer à sa porte. Je ne voulais surtout pas me montrer intrusif. J'avais eu son âge et je trouvais cela important que moi ou Auggie lui laissions son espace pour qu'il se sente comme chez lui. Je frappais doucement sur sa porte et posais ma main sur la poignée.  « Lys' ? C'est Dante. Tout va bien ? Je peux entrer ? » demandai-je en m'approchant le plus de la porte pour qu'il m'entende. Je ne voulais pas entrer sans y être invité. Cependant, je le ferrais s'il ne me répondait pas. Je commençais déjà à imaginer le pire. Est-ce qu'il s'était étouffé dans son sommeil ? Un ancien client qui l'avait retrouvé et qui était venu le faire payer ? Auggie me trouverait sûrement hystérique s'il me voyait, mais heureusement pour moi et mon ego il n'était pas là.

I can't tell where the



journey  will end

Réveil de merde, réveil de merde, réveil de merde ! Le dit réveil finit d'ailleurs immédiatement contre le mur droit de ma chambre. Je lâche un profond soupir suivi d'à peine quelque seconde par un râle bruyant, mais heureusement étouffé par l'épaisseur de mon oreiller. Habituellement, la mâtiné se déroule de la plus simple des manières: je me réveille, soupire rien qu'à la pensée de la journée de cours qui m'attend, je dévale les escaliers jusqu'à la salle de bain de mes "propriétaires" parce la mienne a un problème - enfin ça c'est mon excuse - puis je provoque un magnifique recrachement de café à Auggie pour avoir effectué le trajet sans le moindre vêtement pour dissimuler toute la splendeur de ma personne et finalement j’atterris dans la fameuse salle de bain où je lâche un dernier soupir pour ne pas avoir eu la chance de tomber sur un Dante tout ruisselant. Shit, on peut dire que je suis bien réveillé maintenant.

Mais aujourd'hui, je suis simplement... lassé, des cours, du train train quotidien... Il va surtout bientôt dérailler c'te foutu train. Je me roule en boule sous mes couvertures, presque nostalgique de ma vie passée. Après-tout la vie de rue n'avait pas que des aspects négatifs, au moins, je ne m'ennuyais jamais, je me rappelle que j'arrivais toujours à me faufiler au planétarium ou au cinéma puis je n'avais qu'à faire le yeux doux à la gamine du gérant du Coney Island pour me voir offrir une glace, deux boules, comme c'est ironique. Mais trêve de plaisanterie, le passé c'est le passé puis je ne peux pas vraiment me plaindre de ma "nouvelle vie", je veux dire, vivre ici ça reste une chance incroyable puis Dante est génial et Auggie... Dante est génial voilà.

Je n'ai pas le temps d'épiloguer plus longtemps sur le sujet que très vite des coups retentissent à la porte de ma chambre « Lys' ? C'est Dante. Tout va bien ? Je peux entrer ? » et merde, manquait plus que ça, le connaissant il est encore venu pour me traîner sous la douche et m'emmener au lycée sans oublier de me fourrer un petit déjeuner équilibré dans le gosier, la galère quoi - sauf pour la première partie à la limite - m'enfin bon, réveillé ou pas, j'essaye de connecter tous les neurones de mon cerveau dans le but d'arriver à pondre un plan qui m'éviterait à la fois de devoir aller en cours et qu'il ne découvre que je suis nu sous cette couette, ça pourrait l'amener à poser des questions dont il n'a pas envie de connaître les réponses. Pour résumer ça implique Embry qui arrive à se faufiler je ne sais trop comment dans ma chambre la nuit dernière et qui se glisse dans mon lit comme un violeur parce qu'il s'ennuie, celui-là je vous jure.

Bref, je commencerais presque à paniquer, j'arrête donc de réfléchir et me contente simplement d'agir: je me lève du lit d'un seul bon et enroule ma couette tout autour de moi afin de dissimuler au moins partiellement ma nudité et m'avance vers la porte, porte que j'ouvre, une moue fatiguée peinte sur le visage et je lance d'un ton plaintif « Daaante... je suis malaaade » et je ponctue ma phrase  en me blottissant dans ses bras. Avec un peu de chance la carte du Lysandre tout mignon quand il est malade fonctionnera sur lui, avec un peu de chance.