another one bites







the dust

☽La journée s'annonçait pourtant bien. J'étais à Chestnut Hill et plus précisément au Mall pour passer une partie de mon après-midi à faire les boutiques. J'avais envie de me faire plaisir. J'avais également l'intention d'acheter un petit quelque chose à Dante. Comme ça. Simplement parce que j'en avais envie et parce que je l'aimais. Ce matin, il m'avait préparé le petit-déjeuner et me l'avait même apporté au lit. J'avais de la chance de l'avoir. Je l'aimais tellement. Il était l'homme de ma vie et j'espérais pouvoir vivre avec lui jusqu'à ma mort. Cependant alors que je parcourais le deuxième étage du centre commercial, mon regard croisa sa silhouette. Il était grand, ténébreux, le regard bleu perçant avec toujours cet air d'homme mature prétentieux et arrogant, sûr de plaire à tout le monde. Il n'avait pas changé. Il semblait toujours si fier, si mystérieux que j'en venais à regretter notre passé. Et quel passé ! Cet homme m'avait blessé plus que personne ne l'avait fais. Il avait trahit ma confiance et fais naître en moi des doutes dont j'avais mis longtemps à me remettre. D'ailleurs, je n'étais pas entièrement sûr d'avoir vaincu complètement ces angoisses. L'infidélité était un poison aux effets lents et dévastateurs. Bastian m'avait brisé le cœur et le revoir à seulement quelques mètres de moi me faisait revenir des années en arrière...

3 ANS ET QUELQUES MOIS PLUS TÔT

---

« C'est moi ! » Lançais-je d'une voix haute et forte en refermant la porte d'entrée du manoir de Bastian. Il ne fermait pratiquement jamais sa porte quand il était chez lui et j'avais fini par m'y habituer. J'entrais chez lui comme chez moi. « Mon entretien s'est terminé plus tôt que prévu et je crois que j'ai fais forte impression au rédacteur en chef. Je sens que je vais avoir le poste cette fois-ci ! » Je retirais ma veste, le déposais sur le porte manteau à l'entrée et m'aventurais dans les couloirs pour rejoindre mon petit-ami. Je le cherchais dans chacune des pièces principales du rez-de-chaussée avant de me rabattre sur sa chambre à l'étage où il semblait y avoir de mouvements. Je montais les escaliers et entendais de plus en plus de bruits intriguant venant de ce niveau. Je poussais finalement sa porte et entrais « Tu crois que je serais un bon journaliste pour le Newton Pos... » Surpris par la vision de la situation, je restais figé. La bouche entrouverte, je me terrais dans un mutisme qui définissait parfaitement mon état d'esprit actuel. L'incompréhension. Mon cœur battait la chamade et les larmes me montaient aux yeux. « Bastian... » Je portais alors un regard à l'homme qui partageait son lit. Ils étaient nus, en sueur et le sachet du préservatif jonchait le sol. « C'est qui, lui ? » Connectant chacune de ses informations entre elle, je terminais par vite me rendre compte de la situation. Mon incompréhension n'était plus qu'un lointain souvenir et la vision de Bastian couchant avec un autre mec alimenterait mes cauchemars pour les semaines à venir. Je m'avançais vers lui, arrachant la couette du lit pour la balancer sur le parquet. « Tu n'es qu'un incroyable salop ! » Je lui donnais une gifle. « Et toi là, tu n'as pas pensé qu'il pouvait être pris !! » Je lui donnais un poing, m'arrachant une grimace quand mes phalanges craquèrent contre sa mâchoire. Je m'éclipsais de la chambre, en colère et trahi.

---

Figé dans l'une des allées du centre commercial, je repris mes esprits quand mes pensées se concentrèrent sur Dante. Je soupirais et faisais craquer les os de ma nuque. Je repris le sac de mon premier et marchais. Je me répétais sans cesse de ne pas lui accorder d'importance, de ne pas le regarder quand je passerais à ses côtés. Je devais être indifférent et m'en tenir à mon plan. Notre histoire était terminée et j'étais passé à autre chose. Le shérif adjoint partageait maintenant ma vie. J'inspirais et expirais une dernière fois et me lançais.« Vas-y, Auggie... T'es plus fort que ça... » Le dire à haute me donnait du courage et penser à Dante me rassurait. Sans lui, mes angoisses n'auraient pas disparu. Sans lui, je n'aurais jamais reconnu un amour aussi fort. Il était l'homme de ma vie. J'en étais certain. Si je devais affronter Bastian pour oublier définitivement notre relation d'autrefois, je le ferais sans aucune hésitation. Mais pour le moment, je ne faisais que m'avancer vers lui en le fixant d'un œil interrogateur. Me reconnaîtrait-il ? Réagirait-il en me voyant ? La réponse arrivait à grand pas et je terminais par lui passer devant sans même lui adresser un regard plus ou moins neutre. Une fois dépassé, je baissais légèrement la tête et soufflais à nouveau. Le plus dur était fais. C'était en tout cas ce que j'espérais...

☽Je me donnais du courage. J'avais besoin de courage. L'affronter était sûrement la dernière étape de notre histoire. Après qu'il m'ait trompé, après que j'ai découvert son infidélité par un pur hasard, je l'avais crains. Il m'avait brisé le cœur que j'aurais pu perdre tout espoir de croire en l'amour. Il m'avait blessé et j'avais perdu toute en confiance en la nature humaine. Pourtant, je m'étais relevé. Grâce à Dante. Il avait fait renaître en moi ce sentiment que je croyais perdu à tout jamais par la faute de Bastian. Désormais, il ne me faisait plus peur. je ne le craignais plus. Il faisait parti de mon passé. Un passé que j'avais laissé derrière moi. Je passais donc à côté de lui sans le regarder, ni même lui adresser la parole. Je avais qu'il savait que je l'avais vu. Je savais également qu'il n'en resterait pas là mais j'avais l'espoir qu'il ne m'interpelle pas après ce passage éclair. J'avais refoulé tout un tas de sentiments et j'avais la certitude qu'ils pourraient très bien ressortir si jamais il m'énervait. Je n'étais le Auggie qu'il avait connu. J'avais mûri. J'avais également découvert certains pouvoirs. J'étais différent mais lui semblait toujours être le même et ce fait me déstabilisait quelque peu.

« Tu peux quand-même dire bonjour. » Je m'arrêtais subitement, sac en main, et je me crispais sous son emprise. Merde... Je me retournais, le fixant dans les yeux. J'eus une certaine impression. Je sentis un soudain mal-être me traverser. Je ne comprenais pas d'où il venait mais j'étais sûr que l'origine venait du trentenaire. « J'ai l'impression que tu m'évites. Je dois quand-même te manquer un peu, non ? » Il était fier et son sourire m'indignait. Je jetais un œil à sa main sur mon bras et redressais mon visage vers le sien. Je lui donnais un regard noir. Il me lâcha mais son attention sembla se diriger vers un passant. Je levais les yeux ciel, me retenant de l'incendier. Je soufflais légèrement quand ces yeux s'échappèrent sur cet inconnu. J'aurais pu partir, m'enfuir, le quitter mais j'étais resté. « Tu n'as pas changé... » Lançais-je froidement à son égard. « Alors me dire que tu m'as manqué est vraiment déplacée. Tu te prends pour qui franchement, Bastian ? » Je le questionnais. J'avais le droit. Me répondrait-il ? C'était là une tout autre affaire. Le regard toujours dans le sien, je serrais les poings. J'avais tant de haine et d'amertume. J'avais tant de choses à lui dire que je ne savais par où commencer. « Et arrêtes de sourire comme un connard ! Et arrêtes de me regarder comme ça ! T'essayes de faire quoi là ? De percer mes secrets en lisant en moi ? Tu te prends pour qui ? Un médium ou je ne sais quoi ? » Je disais ça comme ça, ignorant encore l'atroce vérité. Bastian était un sorcier des ténèbres. Mon opposé. L'origine de ce mal-être que j'avais ressenti grâce à ma nature d'augure. Je ne maîtrisais pas totalement mes pouvoirs. J'étais novices. Cela ne faisait que quelques mois que j'étais sorcier. Cela ne faisait que quelques mois que j'avais appris ma véritable nature et que j'avais mis la main sur ce don de prémonition. J'étais tout simplement un débutant dans le monde de la sorcellerie. « Bon maintenant, laisses-moi. J'ai autre chose à faire que de rester avec toi. »