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 |  Sujet: Getting away with murder ♠ Hell  Mar 11 Mar - 12:48 | |
Boston. Ses rues sombres même en plein jour, ses avenues innocentes mais largement bafouées et sa grandeur étourdissante en faisait le parfait lieu d'habitation. Parfait à un détail prêt, la platitude de sa population humaine. Ici les sorciers se faisaient tellement discrets que leur existence ne fleurissait même pas dans l'imagination. Dans les rues bostoniennes, il n'y avait aucun mystère pour ravitailler les commères aux dents trop blanches et aucun secret pour illuminer les yeux des adolescents. Seule la tristesse de la normalité. Ici, crimes et disparitions s'expliquaient par des faits aussi rationnels qu'inintéressants. C'est cette lourde banalité qui avait fini par pousser Salome à déménager à Newton. Là-bas au moins, la tranquillité n'était qu'une redoutable apparence et en parallèle de la vie humaine active, se cachait un réseau magique. Voilà le fourmillement surnaturel qui manquait à la jeune Espagnole. Au moins là-bas, elle ne ressemblait pas simplement à une nénette avec beaucoup d'argent, là-bas, elle inspirait un soupçon de crainte.
Ah Boston. Elle y avait tant fait... Comme à chaque fois qu'elle s'installait quelque part, ses humeurs joueuses avaient pris le dessus. Ainsi, depuis son arrivée, une vague inexpliquée de meurtres, d'accidents et autre problèmes avait surgi. Des voisines normales sous toute apparence qui finissaient par se faire battre par leurs maris jusqu'à ce qu'elles les tuent. Il y avait tellement de haine cachée dans les regards, que lorsque la colère apparaissait, il lui était difficile de résister. Et puis, ce n'était rien de mieux qu'une petite revanche sur cette société patriarcale qui décidément n'avait rien de plus que ce qu'elle méritait. A force de méconnaître la condition féminine, ils se retrouvaient avec quelques couteaux plantés dans l'estomac. Salome ne se considérait pas vraiment comme une criminelle. Dans ces cas-là elle se voyait plutôt comme une assistance bienvenue aux opprimées. Comme quoi, faire le mal pouvait parfois avoir de bonnes conséquences.
Un étrange sourire aux lèvres, la jeune Espagnole se prélassait sur une chaise pliante, appréciant les rayons du soleil sur la peau de son visage. Autour d'elle s'activaient avec engouement tous ses voisins, qui au moyen de quelques charmes s'étaient unanimement portés volontaires pour déménager ses affaires. Ainsi se promenaient entre les étages de son appartement et des camions de déménagement, des centaines de cartons plein de tableaux, d'objet d'art, de décoration et des vêtements. Son petit trésor, elle l'avait accumulé au fil de ses voyages et de ses séductions. Elle veillait ainsi au grain, car voir une de ses merveilles être maladroitement manipulée par un de ces stupides humains la rendrait folle de rage. Elle s'assurait elle, de ne faire rien d'autre que de s'agiter quand il fallait engueuler quelqu'un et de regarder avec soin sa manucure parfaite. Une activité qui certes ne demandait pas beaucoup d'efforts, mais dont la patience était de nécessité. Parfois elle était dérangée par un de ses esclaves temporaires, qui avec dévotion lui témoignait sa tristesse de la voir partir. Elle s'amusait toujours de ces effusions d'amour venant de parfaits inconnus. L'admiration qu'ils lui portaient était la plus grande réjouissance connue. Que serait une sirène sans cela ?
Confortablement installée, elle fronça un sourcil quand sur ses paupières closes se matérialisa une ombre. Elle pensa encore à un de ses déménageurs envoûtés qui venait la dissuader de quitter la ville, mais quand elle eut fini de manifester son mécontentement en soupirant très fort et qu'elle ouvrit les yeux, elle se retrouva face à un jeune inconnu. Son visage ne lui disait absolument rien, et elle était sûre qu'elle s'en serait rappelé. Ce genre de plastique agréable ne s'oubliait pas si vite. Elle sentit plus qu'elle ne vit qu'un malaise s'était déjà installé avant même qu'ils ne se soient parlés. La colère qui émanait de lui était compacte et ne cessait d'augmenter. Salome se redressa, soudain curieuse face à cette apparition qui semblait lui témoigner beaucoup de haine déjà. "Je peux vous aider ?" demanda-t-elle sèchement, donnant déjà le ton de la conversation. Il n'existait pas beaucoup de discussion avec la jeune femme dont elle n'avait pas donné l'injonction. | |
