L’envie. Simple pulsion de laquelle tout pouvait partir. C’était le péché le plus fréquent et qui, bien utilisé, pouvait s’avérer incroyablement dangereux. L’envie, moteur de la nature humaine qui poussait les grands hommes comme les petits à en faire toujours plus. Comme le disait si bien Rousseau « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. » Oui, l’envie maintenait en vie et donnait plus de grandeur à la réalisation de l’objet qu’à l’objet lui-même. La possession perdait tout son charme face à la constante recherche. Salome l’avait bien compris. Elle se rendait utile au bonheur de la nature humaine en leur soumettant toujours plus l’envie, qu’elle soit issue du matérialisme à l’état pur ou bien de désirs plus profonds. Il n’y avait personne sur cette planète épargnée par ce péché redoutable, et même la plus pieuse des femmes ne pouvait se cacher de quelques caprices de temps en temps. L’envie était un tremplin terrible vers d’autres vices plus tabous, comme la colère ou la luxure, qui poussaient plus rapidement n’importe qui vers la consommation de ses démons intérieurs.

Et quel meilleur endroit pour exercer sa plus grande passion que dans les entrailles du vice ? Là où la passion et la déviance étaient largement encouragées ? Dès son arrivée en ville elle avait entendu parler de cette fameuse boite de nuit dont le nom ne pouvait que sonner délicieusement à ses oreilles. Elle crut même à une sorte d’ironie du destin, un signe pour la convaincre qu’elle avait peut-être bien choisi le bon endroit où s’installer. Le Seven Sins, se profilait comme l’endroit idéal pour l’accomplissement de ses noirs et quelques peu futiles desseins. Au fil des années, elle avait été elle-même prise au jeu des péchés, et le besoin de faire subir aux autres des tiraillements de leur conscience avait grandi au point de devenir une drogue. Il n’y avait pas une journée sans qu’elle n’utilise ses pouvoirs, et jamais elle ne s’en lassait comme jamais ne venait le besoin de s’arrêter. La vilenie était une maladie incurable.

Entrer dans la boite ne fut pas un problème. Il suffit d’un sourire pour que le videur se presse à lui ouvrir la porte. Elle arrivait à point, car la soirée était déjà bien entamée et le vice avait déjà pris place dans les lieux. Il ne lui restait qu’à achever le peu de pudeur qui s’accrochait encore et à apprécier le spectacle de la retenue qui volait en éclat. Alors qu’elle se frayait un chemin jusqu’au bar, elle pouvait sentir et s’enivrer des tendances à l’envie, à la luxure ou à la gourmandise qui l’entouraient. Le besoin grandissait en elle, et elle dut se faire violence pour ne pas donner raison tout de suite à ses pouvoirs. Elle préférait d’abord prendre ses marques, se trouver une place au sein de cette communauté avant d’y foutre le bordel. Ses objectifs étaient obscurs, même pour elle, et ses plans pour la soirée se caractérisaient justement par l’absence de plan. Elle improviserait au fur et à mesure. Cependant, son charme ne tarda pas à faire effet, et elle se vit offrir ci et là des propositions à boire un coup, à passer le temps. Elle voyait bien que derrière ces demandes se cachait l’envie un peu plus ancrer de l’acquérir pour la soirée. Mais elle n’était pas spécialement là pour se trouver quelqu’un. Seul l’appel du vice constituait une raison valable à sa présence.

Mais très vite, un objectif commença à se former quand elle aperçut, adossé au bar, une des premières personnes dont on lui parlé à son arrivée à Newton, le tristement célèbre Klaus Black. Ses voisins relativement bavards l’avaient mise en garde, l’avertissant qu’il n’était pas quelqu’un de vraiment fréquentable. Et au fil de quelques petites recherches, elle avait appris qu’il était un des sorciers les plus puissants que ce monde ait connu. Ce genre de noire fréquentation était exactement ce qu’elle recherchait, sûrement à cause du danger qu’elle représentait. Et se mettre au-devant de situation potentiellement dangereuse pour elle, c’était tout ce qu’il lui restait pour trouver un peu d’intérêt à sa vie. Certains diraient que c’était typique du caractère masochiste des femmes, elle répondrait simplement que c’était uniquement l’appel du pouvoir. Pourtant à le voir, il n’avait pas du tout l’air méchant dont tout le monde l’affublait. Elle lut plutôt en lui la manifestation pure et simple de l’ennui et du désintéressement total. Il ne prêtait même pas attention aux danseuses courtement vêtues qui se frottaient langoureusement aux barres de fer. Voilà précisément le genre de défi qu’elle aimait, le genre de pulsion d’envie qui lui redonnait de la détermination.
Elle se recoiffa rapidement et s’installa innocemment à côté de lui au bar, sans lui prêter de l’attention. Elle s’adressa d’abord au barman, lui commandant une bouteille de whisky. Lorsqu’il déposa la bouteille devant elle et annonça le prix de celle-ci, elle se pencha un peu en avant, découvrant légèrement un joli décolleté et laissa courir ses charmes de Sirène. Si en général, les pouvoirs de Sirène fonctionnaient moins bien sur les sorciers ou les chasseurs, Salome elle pouvait toujours s’aider de ses autres capacités. « Pourquoi payer quand vous pourriez gracieusement me l’offrir ? » dit-elle d’une voix lente, sensuelle tout en se plongeant dans les désirs inavoués du barman. Sans problème elle le poussa à céder à l’envie et la luxure, à braver ses interdits professionnels pour accéder à sa requête. Sans un mot, il hocha la tête, et visiblement perturbé de sa propre expérience, il se détourna d’elle pour aller s’occuper d’autres clients.

Un sourire satisfait aux lèvres, elle se tourna légèrement vers Klaus, et il lui sembla que du coin de l’œil, il avait suivi son petit manège. « Ils ne sont pas très difficiles à convaincre ici… » lança-t-elle en riant légèrement. « Vous voulez partager ? » Et pour illustrer sa demande, elle poussa légèrement la bouteille vers lui. Elle se concentra également sur le sorcier et une nouvelle fois se plongea à l’intérieur même des volontés minables et pécheresses de l’être humain. Elle fut cependant consternée par l’absence évidente de sentiments. Il ne semblait être ravagé que par l’ennui. Elle dut creuser davantage, et trouva finalement une petite pulsion d’envie et de gourmandise portée sur l’alcool. Alors elle le poussa lentement vers cette pulsion, l’incitant de plus en plus à céder à l’envie de boire. Certes, elle était vexée que ça ne soit pas plutôt portée vers elle, mais au moins c’était un début de contact…

L'ennui, t'enlaces un peu plus chaque jour si bien que les satisfactions deviennent de plus en plus brèves et plus difficiles à trouver. Voila pourquoi je me retrouve dans ce club ce soir, tel un pillier de bar à mater d'un air las les danseuses. Une voix proche de moi m'interpelle, à défaut d'être une satisfaction se sera certainement une distraction passagère. «  Pourquoi payer quand vous pourriez gracieusement me l’offrir ?» Sourcil arqué, je penche la tête pour regarder le numéro de la jeune femme non loin de moi. Et le barman qui plonge les yeux dans son décolté me rapele la faiblesse humaine. Enfin je vais pas juger la luxure ça me connait. Mais en y regardant de plus près j'ai comme l'impression que celui ci est étourdit, je plisse les yeux le regardant retourner à ses activités comme si il venait de se taper une nuit terrassante et que le sommeil s'abattait violemment sur lui. HUm si je ne m'y connaissais pas autant je dirais qu'il y a quelque chose de louche dans son comportement. Mais j'ai pas vraiment le temps de m'interroger sur le sujet que la charmeuse de serpent vient à moi.  « Ils ne sont pas très difficiles à convaincre ici.» Je ne prend même pas la peine de lui répondre, me contentant de la regarder avec lassitude non sans laisser mon regard glisser sur ses courbes. Je retiens le venin qui pourrait s'échapper de mes lèvres si le comportement du barman ne m'avait pas intrigué, du coup au lieu de lui balancer t'as vu comment t'es habillée aussi tu pourrais presque bosser comme ces slut qui se frottent à la barre, je me contente d'hausser les épaules. Finalement la distraction n'est pas suffisante pour m'emballer. Du moins c'est ce que je pensais « Vous voulez partager ?» Je lui rirais presque au nez en lui répondant qu'on ne m'achète pas avec une bouteille et que je peux me payer moi même mes conso. Mais quelque chose tiraille mon estomac, mes entrailles, glisse dans mon cerveau jusqu'à réveiller la gourmandise, qui commence par se poser sur la bouteille, puis mon verre puis ses lèvres. Est ce que cette petite salope serait en train de tenter de manipuler mon esprit? Allons voir ça! Je me concentre un instant, laissant ma nature me servir de bouclier et miracle... le vide s'empare à nouveau de moi. Oh ma belle tu ne sais pas à qui tu t'attaques la! Mais cette jolie sirène à un don particulièrement intéressant, j'aimerais en connaitre d'avantage sur le sujet et me dit que ça pourrait me servir à provoquer des émotions en moi. Quelles sont ses limites? Contrôle telle son pouvoir? Quel est il exactement? Je compte bien le découvrir, bravo ma jolie tu viens de piquer mon intérêt et est en droit de m'offrir un semblant de distraction pour ma soirée! Je me rapproche lentement d'elle , laissant mon verre glisser vers la bouteille et me penchant à son oreille  « -tu pourrais commencer par me servir plutôt que d'user de tes dons sur moi...» Je me redresse le regard victorieux et le sourire malicieux accroché au coin de mes lèvres. « -on va prétendre que tu ignores qui je suis...» je lui tend ma main attendant qu'elle la saisisse. « -Klaus... Klaus Black.. à qui ais je l'honneur?» Lançais-je sur un ton amusé avant de m'accouder au bar et trinquer avec elle. Je laisse échapper un long soupire avant de balancer sur un ton faussement innocent « -tu penses pouvoir me montrer ce dont tu es capable ou tu connais tes limites et craint de m'ennuyer profondément...» et d'un signe de la tête je lui indique le groupe de jeunes se faisant servir une ligne de shot enflammés, un sourire sadique étire mes lèvres tandis que je murmure d'une voix glaciale... « -quand je m'ennui... ça peut vite déraper...» Je fixe la rangée de verre et attend que ces petits fêtards les prennent en main, je n'attend même pas qu'ils les portent à leur bouche que les petites flammes provoqués par l'alcool se transforment en véritable chalumeau, faisant hurler une des minettes qui à les cheveux qui prennent feu. Le barman s'affole et s'excuse en leur offrant une autre tournée promettant qu'il ne comprend pas ce qu'il se passe. Mon regard quitte l'altercation entre les clients et le personnel je fais volte face, posant mon dos contre le bar et mes coudes sur celui ci. « -un programme intéressant à me proposer?» ma main balaye la salle d'un geste vague  « -choisis en un..plusieurs...montres moi de quoi tu es capable...» un léger rire franchissait mes lèvres tandis que j'inclinais la tête dans sa direction. « -roh come on! Me fait pas croire que ton manège ridicule n'était pas destiné à attirer mon attention!» Un clin d'oeil et mes lèvres se trempent dans mon verre laissant le liquide ambré réchauffer ma gorge. .